Éditeur Le Chant du Monde / Date de parution avril 1998
Après son magnifique « Jacaranda » où l'accordéoniste iconoclaste Marc Perrone mélangeait dans un joyeux tourbillon tango, tarentelle et musette (sur les frontières ténues de la musique populaire et des mélodies plus « intellectuelles »). Il récidive avec ce « Ciné Suite » qui est une sorte de carnet de voyage au pays du cinéma et des images. Là encore, Perrone, en compagnie de ses complices (l'indispensable Bernard Lubat, Denis Tuveri ou Isabelle Duthoit) revisite des musiques réelles (celles de Joseph Kosma ou Nino Rota) ou imaginaires (les siennes, pour des courts métrages) avec un même appétit de « mettre en scène » sa musique. Airs de fête, de nostalgie, de gaieté saine ou de tristesse sans fin, « Ciné Suite » est aussi agrémenté des commentaires intelligents de l'artiste.
Un de mes premiers souvenirs de train, c’était quand on ouvrait la fenêtre : il y avait la fumée qui rentrait, une odeur âcre, cela piquait les yeux. Je devais avoir cinq ans. J’ai toujours la sensation qu’un voyage en train est une portion de vie hors du temps prise entre les parenthèses du départ et de l’arrivée, le début et la fin du voyage, comme le générique de début et de fin d’un film…
Il y a les hymnes tonitruants, et puis les mélodies que l’on fredonne pour soi, à deux ou, à l’occasion, tous ensemble… Elles sont comme la braise qui couve sous la cendre. Pour la « Bête Immonde », elles sont un rempart infranchissable. Vous avez raison, Monsieur Kosma, il faut produire des mélodies, des chansons… Les mettre ou les remettre en circulation pour entretenir et renouveler cette braise.Maintenant que ces renseignements sont achevés, je crois pouvoir dire que c’est ce qui les a motivés profondément. Et puis il y a l’envie de faire partager mon plaisir à aller, quand je le désire, jouer des mélodies liées à des scènes bien précises de films que j’aime, comme on retourne toute sa vie, peut-être, ouvrir un livre pour en lire un poème ou un passage. Voir, revoir, entendre, réentendre, retrouver des sensations, des émotions, recréer la vie en soi pour la partager quelques instants et s’y régénérer.
Marc Perrone